lundi 28 décembre 2015

Les normes du genre : la masculinité

Judith BUTLER parle des normes du genre à savoir les normes de la féminité et de la masculinité. Nous allons nous intéresser ici aux normes de masculinité. Nous pouvons donc nous demander quelles sont ces normes et en donner une définition.
La masculinité constitue l’expression publique de l’identité masculine c'est-à-dire l’expression des traits de personnalité qui sont culturellement et socialement associés à ce rôle. Comme l’explique J. BUTLER, ces normes sont « un rapport social et d’opposition entre le corps féminin et le corps masculin qui s’est naturalisé avec le temps avec le caractère historique de la famille ». On peut donc penser que ces normes rejoignent une vision archaïque de la famille avec l’homme qui est le chef de famille, fort et autoritaire, ne laissant pas place à l’émotion. Les normes de masculinité aujourd’hui rejoignent en effet cette vision traditionnelle de la famille et des rôles de chacun dans la société en général. En effet, ces normes sont imposées, explicitement ou implicitement, par la société car elles  s’inscrivent dans un ensemble de croyances sociales et culturelles servant à déterminer ce qu’un homme devrait ou ne devrait pas faire pour être considéré comme masculin, ce qui est acceptable ou non pour qu’un garçon puisse se considérer lui-même et être considéré par les autres comme tel. La masculinité répond donc à plusieurs critères. Selon William Pollack, il existe un code de la masculinité qui comprend quatre critères :  

  • Le stoïcisme : un homme ne partage pas sa souffrance, ne pleure pas en public et évite les émotions vives, particulièrement celles reflétant de la dépendance ou de la chaleur ;
  • L'autonomie : un homme est indépendant, il fait face aux difficultés de la vie en restant impassible et n'admet pas sa dépendances aux autres ;
  • La réussite : un homme réussit sur le plan professionnel de façon à être capable de nourrir la personne aimée et sa famille ;
  • L'agressivité : un homme est fort et robuste, il agit progressivement si les circonstances l'exigent.

On remarque bien ici la persistance du « rôle de l’homme » comme étant l’homme fort, invincible, énergique et agressif s’il le faut comme c’était le cas quand l’homme était le « patriarche ». L’institut Catalyst a également mené une étude, présentée lors d’un colloque en 2013, qui a permis d’identifier les quatre normes masculines les plus répandues dans les cultures de l’Europe Occidentale, qui rejoignent les précédentes :

  • Eviter le féminin : cette règle impose aux hommes de ne jamais se conformer publiquement à une norme dite féminine (l’empathie, l’écoute, la recherche de consensus, l’émotivité, le doux) afin d’éviter le ridicule ou le rejet.
  • Etre un gagnant : est qualifié de masculin tout comportement qui accroît la richesse, le prestige social ou le pouvoir. Est donc légitimé tout comportement de recherche d’une belle carrière, à de hauts niveaux de gouvernance, dans le monde économique ou politique.
  • Ne jamais montrer une faille dans l’armure : se montrer dur de corps et d’esprit, à la fois en ne fuyant jamais la menace physique et en dissimulant les émotions telles que la crainte, la nervosité ou la tristesse.
  • Faire partie du clan : les hommes doivent gagner l’admiration et la camaraderie de leurs pairs, à la fois en montrant qu’ils préfèrent la compagnie des hommes, mais aussi en participant à des passe-temps ou activités dites masculines, comme boire de la bière, aller au golf, fréquenter des cercles masculins.

Ainsi, les hommes sont soumis à des stéréotypes à savoir l’homme fort sur le plan physique et sur le plan émotionnel, respecté de ses pairs, protecteur et courageux, viril et ne pensant qu’au sexe. Judith BUTLER parle d’ailleurs de « lien de soumission à la norme » sous peine d’être moqué, chahuté, maltraité voire tué (comme l’exemple qu’elle cite de l’adolescent vivant dans le Maine ayant été frappé puis jeté du haut d’un pont car il avait un « déhanché féminin »).
A ces critères psychologiques s’ajoutent des normes physiques. En effet, nous sommes dans une société valorisant l’apparence. Chaque sexe doit répondre à des critères de beauté bien définis. Ainsi, et cela reflète les critères psychologiques, l’homme doit être grand et musclé. Cette image est véhiculée quotidiennement par les publicités, les affiches, les magazines, … Il n’apparaît que des hommes tors nus au corps « parfait ». Cette exposition médiatique du corps dénudé de l’homme à d’ailleurs entrainé un nouveau phénomène : celui de « l’homme objet ».


Charlène BEAUX

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