D’après Judith Butler, les
normes du genre impliquent deux types de comportements : on peut jouer
avec ou elles peuvent engendrer une angoisse, une peur de perdre son identité.
En effet, la construction de l’identité, qui a lieu principalement à
l’adolescence, se fait notamment à travers les normes que véhicule la société,
qui sont ici les normes de la masculinité. Il semblerait que les garçons aient
intégré ces normes car ils les entendent depuis qu’ils sont petits. Par
exemple, selon une étude effectuée en 2003 auprès d’un groupe de 32 garçons
américains âgés en moyenne de 15 ans, à la question « qu’est-ce que veut
dire être un homme » les jeunes répondaient généralement « avoir un
pénis, être fort, se défendre et être responsable ». Ils définissaient
l’homme comme un leader, mature et fort, tant physiquement qu’émotionnellement.
Ainsi, les stéréotypes traditionnels de l’homme fort, courageux et viril restent
ancrés dans les mentalités. Il ressort également de cette enquête que l'hétérosexualité est un critère important dans la masculinité, ce qui prouve les propos de J. BUTLER : « appartenir à un genre donné implique une sexualité donnée ». Ce n’est pas avoir des relations sexuelles avec un homme qui pose problème, c’est le fait que l’homosexualité est souvent associée à un manque de masculinité. En effet, les garçons décrivent les homosexuels avec « une voix aigüe, un habillement et langage corporel efféminés, … », ce qui est le contraire des caractéristiques associées à la masculinité et la virilité. Dans l’homosexualité, c’est le côté féminin de l’homme qui est rejeté. Les
garçons sont donc, pour la plupart, influencés par une conception assez traditionnelle
de l’homme mais ces stéréotypes peuvent être lourds à porter pour les
adolescents qui sentent le besoin de s’y conformer. En effet, déroger à ces
normes (par des comportements dits « féminins » tels qu’un mouvement
de hanches, une voix aigue, le fait d’aimer les hommes, …) les amènerait à ne
pas se sentir masculin, et ne pas être perçu comme un « vrai » gars par les personnes qui
les entourent, ce qui remet en cause leur identité. Ils sont des hommes
physiquement, biologiquement, mais les critères de masculinité imposés ne
correspondent pas nécessairement à leurs valeurs/envies. Ils ne savent donc
plus où se situer, étant des hommes mais n’ayant pas une « réelle »
identité masculine. Ce sentiment est amplifié à l’adolescence qui est la
période où l’on cherche à construire sa propre identité. Il est d’ailleurs
ressorti à travers des études que le code de masculinité est un facteur qui
explique que les garçons se suicident plus que les filles. Ainsi, ces normes de
masculinité engendrent, pour certains qui ne s’y conforment pas, un sentiment
de perte d’identité, un mal être. Tout le travail de construction d’identité
qui se fait, consciemment ou inconsciemment, à travers les normes et le regard
de la société est remis en question, ils ne trouvent plus leur place. Les
normes du genre conditionnent les personnes pour répondre à tel ou tel critères
en excluant d’une « catégorie sociale définie» les personnes ne
réunissant pas ces critères au point qu’ils ne sachent même plus quelle est
leur identité. L’impact des normes du genre a d’ailleurs été démontré par
certaines études qui révèlent que : « les garçons qui adhèrent
fortement à une conception traditionnelle de l’homme sont plus susceptibles que
les autres de connaître l’anxiété, d’avoir une faible estime de soi et
d’éprouver des difficultés dans leurs relations amoureuses et sexuelles ».
Ainsi, les hommes vont essayer de trouver leur place dans cette société
normalisée. Certains adhèrent à ce rôle traditionnel masculin, avec les
conséquences psychologiques que cela implique, d’autres ne s’y reconnaissent
pas et adoptent une autre conduite (jouent avec les normes).
Charlène Beaux
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