mercredi 6 janvier 2016

Les FEMEN seraient-elles la nouvelle vague du féminisme ?

De leur création à nos jours



Militantes à l'origine du mouvement FEMEN
Nom emprunté au latin, FEMEN ne veut pas dire, comme on pourrait le penser, « femme » mais « cuisse ». Les FEMEN ont vu le jour en Ukraine sous l'initiative de trois jeunes femmes en 2008. Anna Hustol, Oksana Chatchko et Alexandra Chevchenko s'indignaient alors du sort de la démocratie dans leur pays quatre années après la révolution Orange et du manque de militantes pour défendre le droit des femmes. Mais ces trois jeunes femmes ne sont pas juste des ingénues, influencées par La femme et le socialisme (1883) d'August Bebel elles sont entrées en action dès l'année de leur création. Leur première action n'avait pas encore la forme que l'on connaît aujourd'hui et c'est déguisées en prostitués pour dénoncer l'importance de la prostitution en Ukraine que les FEMEN manifestent pour la première fois durant l'été 2008. C'est plutôt mal à l'aise et peu assurées qu'elles manifestent pour la première fois seins nus contre la pornographie sur internet en 2009. Face au retour médiatique engendré elles décideront de garder cette forme de protestation.
FEMEN manifestant pour
les droits de la femme



Leurs actions vont se poursuivre en Ukraine aussi bien qu'à l'international. En décembre 2011, trois activistes FEMEN organisent une manifestation à Minsk en Biélorussie devant le siège du KGB afin de protester contre la dictature de président Loukachenko. Cette action se soldera par la capture et la torture des militantes par les autorités biélorusses durant plusieurs heures avant leur libération à la frontière ukrainienne. Inna Shevchenko sera responsable de la création de la première antenne internationale des FEMEN à Paris lors de son exil en France afin d'échapper aux autorités Ukrainiennes en Août 2012. De là, les actions vont se poursuivre sur des sujets tant français qu’internationaux. Manifestations pro mariage pour tous, actions anticléricales dans les cathédrales, actions pour les droits des femmes dans les pays arabes (comme la Tunisie et l’Égypte) ou contre la prostitution de masse durant la coupe d'Europe de football de 2012 et en soutien au prisonniers politiques tels que les membres du groupe pussy riot en Russie. Leurs dernières actions ont été la perturbation d'un salon consacré à la femme musulmane en septembre 2015 ainsi qu'une irruption lors d'une manifestation du FN en Mai de la même année.
Action suite au procès de DSK











Le sextrémisme, la nouvelle façon de lutter.


Le système de communication des FEMEN est pour le moins novateur, en tout cas dans sa systématisation au sein d'un groupe militant. En effet, les FEMEN se caractérisent désormais dans leurs actions par un symbole fort médiatiquement : la nudité. Mais ce choix n'avait pas pour origine la seul volonté de choquer. « we are poor because of you » un des slogans fondateurs des FEMEN. C'était pour ces activistes un moyen de symboliser la condition de la femme Ukrainienne qui, pauvre et vulnérable, n'avait plus que leurs corps, seule propriété qui leur restait, comme moyen de protestation. Loin des idées de nudité consentie et non exhibitionniste comme dans le naturiste en France, elles voulaient donner un sens à leur nudité afin qu'elle ne soit plus liée uniquement aux notions de prostitution et de pornographie.


Inna Chevchenko

Mais même si au fil du temps la radicalisation des actions médiatiques est devenue une norme dans leur mode opératoire, les FEMEN ne sont pas les innovatrices qu'elles veulent bien laissé croire. Dans les années 70, les membres du mouvement de libération de la femme (MLF) menaient déjà des actions coup de poing comme l'invasion d'églises durant des manifestations religieuses (mariage) afin de faire entendre leurs revendications. La véritable différence se fait tant sur le fond que sur la forme. Là où des féministes comme Judith Butler s'interrogent sur la condition de la femme, la définition du genre et le rapport à l'émancipation, les FEMEN semblent seulement se contenter de faire du bruit avec des revendications brutes et sans grandes réponses derrières. « Les religions sont tournées vers une négation de la femme et de son corps » donc elles sont contre toute forme de religions, « la prostitution c'est mal » il faut l'interdire, « la pornographie est avilissante pour la femme et participe à sa condition d'objet » etc. Il ressort de tout cela une vision que l'on pourrait qualifier de naïve sur la condition de la femme et sa liberté. Elles pourraient donc être perçu comme de simples agitatrices sans discours ni solutions réalistes à proposer derrière.




D'un autre coté, les FEMEN se revendique comme un mouvement combattant et cela se ressent tant dans leur discours que dans leur gestion. En effet, Inna Chevchenko, qui depuis son exil en France est devenu la porte parole officieuse des FEMEN dans notre pays, n'hésite pas à employer un vocabulaire guerrier et martial dans ces entretiens ou interview. Les termes de « soldates » de « guerre pacifique » sont fréquemment utilisés. De plus, les FEMEN ne se cachent pas de l’entraînement martial auquel elles se soumettent afin de pouvoir mener à bien leurs actions et de résister aux mieux aux « méthodes musclées » utilisées pour les stopper. Mais il semblerai que leur structure soit plus strict et militaire que la simple préparation physique. Dans livre Confession d'une ex-Femen, Éloïse Bouton, féministe, journaliste et ancienne FEMEN, dénonce une structure à la hiérarchie très dure et où le débat et l'échange d'idée n'ont pas forcément leur place. Sans renier son passage parmi le groupe de militantes, elle avoue que cet autocentrisme dans le mouvement, ce manque de transparence et de communication l'ont incité à prendre ces distances.


Les méthodes extrêmes des FEMEN risqueraient donc de desservir leur combat. En effet, le risque de passer de militantes subversives à fanatiques extrémiste n'est pas nul. Que leur combat soit juste ou pas. Et cela d'autant plus si leur cause n'est pas partagé par celle-là même qu'elles défendent.

Méthodes contestées et opposition


Action FEMEN pour le mariage pour tous
L'universalité de la cause défendu n'implique pas forcément une méthode de lutte universelle. En effet, comme nous l'avons vu au début de l'article, la naissance des FEMEN s'est faite dans un milieu, une culture et une symbolique particulière qu'est l'Ukraine. L'utilisation de leur corps nu avait un sens et un but précis. Mais dans le cas de la France, ou la nudité est plus démocratisée et moins subversive (existence d'espace nudiste par exemple), on peut supposer que leurs méthodes ont une portée moins grande. Leurs actions ont en effet tendances à plus choquer de part leurs mises en scènes (vaporiser les manifestants avec des extincteurs marquées « Holy sperm » ou reprendre les codes du parie nazi en salut à Mme Le Pen). Cela ne donne-t-il pas une vision très cliché de la femme au final. En montrant une image de femmes forte, fière de son image, à l'aise avec sa nudité et quelque part aussi avec sa sexualité, les FEMEN ne laisse pas de place aux femmes qui pourrait avoir une définition différente du genre. Elles sont donc très loin des réflexions de Judith Butler dans ses travaux « faire et défaire le genre ».
Si dans le cas de la France cela a parfois moins d'impact, il existe des pays ou cela peut aller jusqu'à avoir un impact négatif. Revenons sur le cas de la jeune Amina Sboui qui, en Tunisie, après avoir posté une photo d'elle sur facebook© avec le message « mon corps m'appartient et n'est une source d'honneur pour personne. » écrit sur ses seins nus, est aller inscrire le nom des FEMEN sur un mur en signe de protestation contre un groupe salafiste. Elle a été arrêter par le gouvernement tunisien pour attentat à la pudeur, atteinte aux bonnes mœurs et possession d'arme. Les FEMEN, le jour de son procès, ont décidé d'envoyer trois de leurs militantes (deux françaises et une allemande) manifester devant le tribunal en utilisant leur méthode habituelle. Les conséquences furent à l'opposer du but recherché puisque les militantes ont été arrêtés, jugées, et condamnées à 4 mois de prison ferme et qu'Amina a vu « association de malfaiteur » ajouté à ses chefs d'accusations. La méthode des FEMEN était donc peut être pas la mieux adapté pour défendre le droit des femmes dans le cadre culturel et politique particulier qu'est la Tunisie. Il n'est bien sure absolument pas question de prétendre que les femmes doivent avoir des droits différents suivant les cultures ou les pays mais les méthodes à utilisé pour faire changer les mentalités et les habitudes se doivent de prendre en considération le contexte historique, culturelle et économique. Car une mauvaise politique d'action peut entraîner des réactions amenant à une escalade des violences et des répressions et donc à une régression de la cause féminine.
Groupe anti-FEMEN les ANTIGONES
Une des photos publié sur Muslim Women Against Femen



Les actions des FEMEN ont également vu l'émergence de plusieurs groupes antagonistes qui se battent de différentes façons contre leurs mode opératoire. En France, on voit ainsi la création d'un groupe de femmes anti-FEMEN : Les ANTIGONES. Ces femmes se positionnent dans une vision ou la femme serait le complément de l'homme en plus de son égale. Même si elles s'en défende dans leur manifeste, le fond de leur idéaux se rapproche un peu trop d'Henri Marion et de l'égalité dans la différence. Elles reproche essentiellement au FEMEN leur manque de dignité dans leur nudité, d'être liberticide en interdisant le dialogue et en étant contre la liberté de culte. Un autre mouvement a vu également le jour mais celui-ci avec une dimension internationale. 
Les Muslimah Pride se sont créées après l'action des FEMEN « Topless Jihad Day » en 2013. Regroupées autour d'une page facebook© (comprenant près de 6000 membres) intitulée « Muslim Women Against Femen » ou des centaines de photos et de publication ont afflué en une semaine. Elles pensent que le féminisme d'aujourd'hui et d'hier reste un privilège de l’Occident et veulent dénoncer le racisme et l'islamophobie dont font preuve les FEMEN. En effet, d'après les Muslimah Pride, en voulant à tout prix "libérer" les femmes musulmanes, elles s'inscrivent dans l'idée que "les femmes blanches ont besoin de sauver les femmes de couleur des hommes de couleur". En agissant de la sorte, les Femen font plus de mal que de bien, et nient la capacité des femmes musulmanes à pouvoir changer les choses elles-mêmes. N'hésitant pas à qualifier le féminisme des FEMEN de « colonialiste ». Cette association fait écho aux travaux de Joan W. Scott et ses conférences sur le rapport à l'émancipation occidental des française de confession musulman. Elle nous mettait en garde sur le risque de la création de citoyens de seconds ordre qui ne se reconnaîtrait pas dans la définition de l'émancipation à travers une sexualité libérée.


Le mouvement des FEMEN est donc controversé, pas seulement par « ses ennemis » mais également par les personnes pour les libertés desquelles elles se battent. Elles auraient tendance à tomber dans une sorte de radicalisation. Le manque de discussion interne et externe au groupe, les actions extrême et provocatrices peuvent fragiliser la base de leurs sympathisants. À termes cela pourrait même finir par amoindrir leur mouvement et décrédibiliser leurs actions voir à la suppression pure et simple de leur mouvement (demande réelle répétée de certain groupe).

La question se pose donc non pas sur la légitimité du combat des FEMEN mais sur celle de leurs militantes. Quand on voit les travaux de certaines féministes comme Scott et Butler qui font avancer la cause féminine et humaniste par leur réflexion et leur questionnement, on peut aisément voir les FEMEN comme des « excitées » qui ne font que choquer en favorisant uniquement le fond à la forme. Mais dans un monde où le droit des femmes est autant bafoué, où la condition de la femme n'avance pas et s'approche de l'esclavagisme. Dans une société française, fondé sur les principes de liberté, d'égalité et de fraternité, où les droits acquis par les femmes sont remis en question (comme le droit à l'IVG remis en cause par le FN), où la subordination de la femme à l'homme est toujours très ancré dans les habitudes de beaucoup et dans l'inconscient collectifs. Les FEMEN pourrait être la sonnette d'alarme dont la société à besoin pour se réveiller et éviter un dramatique retour en arrière et garder une vigilance de tout les instants.

DOCHE Jean-Baptiste

Source : emmission "on est pas couché" du 15 Juin 2013 - émission "infrarouge XXL" par C. Fouret et N. El Fani - Interview d’Éloïse Bouton par "l'humanité" - lesantigones.fr - femen.org - www.lesinrocks.com/2015/02/07/actualite/eloise-bouton-il-y-une-vie-apres-les-femen-11559699 - www.jolpress.com/femen-muslimah-pride-amina-tyler-feminisme-article-818805.html


mardi 5 janvier 2016

Un fait de société qui divise : le mariage gay



La philosophe Judith Butler base toute sa réflexion sur le genre, sa place dans la société et tout ce qui gravite autour et réfléchit à la place des normes (on ne devrait pas justifier de notre place dans la société par notre sexualité). Ainsi, elle explique que chaque personne est définie selon le genre alors que ça ne devrait pas être le cas. Pourquoi se définir comme gay ou transsexuel(le) avant d’être homme ou femme ? On juge souvent comme cela les personnes homosexuelles mais on ne rattache pas les personnes hétérosexuelles à cela. On est bien trop souvent identifiés par rapport à cela, aux relations que l’on entretient. Ainsi, on sait tous que la question de l’homosexualité divise. Si un individu est défini par ses qualités et ses caractéristiques, une personne gay sera (dans la majorité des cas) uniquement perçue de ce point de vue là. Comme elle l’explicite, le genre appartient au champ des ambivalences et on dénombre de nombreuses oppositions. Le genre divise et beaucoup de questions de société gravitent autour de ce sujet et de cette question, et ce notamment dans l’actualité.
On peut ensuite aboutir à un sujet essentiel : le mariage gay. Judith Butler fait d’abord une contextualisation du mariage. Depuis un certain nombre d’années, on a pu observer un changement du mariage et notamment un abandon progressif des méthodes et rites traditionnels. En revanche, ce désir de changement et de modernité apparaît beaucoup plus chez les couples hétérosexuels qu’homosexuels. Elle problématise alors le sujet et se demande si le mariage change parce que les gays se marient ou est ce que le mariage change les gays. C’est une question à laquelle il est difficile de répondre car on ne peut pas l’évaluer. La conclusion à en retirer reste que les homosexuels ont eux aussi le droit au mariage puisqu’en définition le mariage est fait pour sceller une union entre deux personnes ayant des sentiments amoureux l’un pour l’autre (Judith Butler se questionne au passage pour savoir pourquoi il est nécessaire de se marier à deux, qu’est-ce qui impose les limites de nombre ?). Le mariage est en définitive une signature qui permet à deux conjoints de vivre leur sexualité et leur parenté pleinement en étant lié, de mettre en commun des biens.

        

Les relations que l’on a avec autrui nous aident dans notre construction de soi mais peuvent aussi bien avoir des effets positifs que néfastes. Assumer sa sexualité différente permet à beaucoup de personnes de la sphère publique de porter des jugements trop hâtifs et ainsi de créer des malaises. Parfois, il est très difficile d’assumer ses choix, surtout à l’âge de l’adolescence où la construction de soi et l’émancipation sont les plus fortes. Judith Butler exprime cette idée nettement en repensant à sa vie plusieurs années auparavant. Lorsqu’elle commence à avoir des relations très proches avec des jeunes filles à l’âge de quatorze ans et à réaliser qu’elle éprouve une forte attirance envers ces dernières, il lui devient difficile de se percevoir comme normale. Comme elle en témoigne, le terme d’homosexualité faisait avant référence au domaine du médical, comme à un diagnostic apposé par un médecin. A noter que ce n’est que le 17 mai 1990 que l’Organisation Mondiale de la Santé a retiré l’homosexualité de la liste des maladies mentales.  En hommage à cette journée, la journée internationale contre l’homophobie a lieu le 17 mai. Ce fait révèle un état d’esprit fermé des mentalités actuelles et même de la part d’organismes internationaux comme l’OMS. Quand au terme de lesbienne (terme qui la définit mais qu’elle avait, semble-t-il, des difficultés à assurer dans un premier temps), il n’existait pas et cela faisait d’autant plus ressortir une différence. Beaucoup de personnes ont eu (et ont encore) des difficultés à assumer leur sexualité et on assiste de plus en plus à des changements radicaux des modes de vie. Ainsi, il devient relativement courant de voir des couples hétérosexuels mariés ayant des enfants, divorcer puisque l’un des deux parents assume sa sexualité. Pour revenir au mot « lesbienne », à son sens et à son apparition, on peut noter que cela a créé une stigmatisation sociale qui entraine un sentiment de peur et une condamnation à l’exclusion sociale.

En effet, lorsque le phénomène s’est officialisé et que beaucoup de personnes gays ont assumé leur différence, il y a eu beaucoup de rejets de la société et encore aujourd’hui, les insultes, menaces et agressions proférées aux personnes gays sont fréquentes. D’après un article publié dans Le Monde et les rapports tenus par l’association SOS homophobie, il y aurait une agression tous les deux jours d’une personne gay. Ce phénomène de l’homophobie est très présent en France (et dans d’autres pays) et sous diverses formes. Beaucoup d’adolescents sont rejetés à cause de leur différence, surtout au lycée même si certains sont épaulés par leurs camarades, et on en vient même à observer des violences prodiguées par les parents (les pères en général) lors de l’annonce de l’homosexualité de leur enfant. Pourquoi un tel rejet ? Les personnes homophobes le sont souvent parce que l’homosexualité ne rentre pas dans l’ordre naturel des choses. Un couple c’est un homme et une femme qui ont des enfants. Pourtant, il faut en convenir, une personne homosexuelle n’est en aucun cas différente de quelqu’un d’hétérosexuel. Il n’en est pas moins intelligent, dénué de qualités et uniquement constitué de défauts. Ces personnes vivent de la même manière et c’est ce que cherche à démontrer Judith Butler.

Judith Butler, en répondant à la question d’un journaliste, pose des questions sur la conférence annuelle Queer, ayant lieu l’année de l’interview à Tel Aviv en Israël. L’interrogation qui subsiste est de savoir comment peut se réaliser cet évènement qui pose les questions de droits des minorités sexuelles et du choix des partenaires sexuels dans cette société où la répression est forte et où les droits sont limités. On peut facilement imaginer la difficulté des personnes gays de le revendiquer en Israël même si la conférence prendra la défense de ces personnes là. En effet, la conférence n’est pas éternelle et on peut songer aux répercussions et à « l’après » pour la vie de tous les jours des personnes homosexuelles.

En France, le mariage gay a été légalisé depuis peu. Avant, les homosexuels (comme les hétérosexuels) pouvaient accéder au PACS (Pacte Civil de Solidarité) qui ne permet pas l’adoption d’enfants. Le 17 mai 2013, le Président de la République François Hollande rend publique la décision autorisant le mariage entre personnes du même sexe (à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie) même si la loi est adoptée le 23 avril 2013. On peut noter tout de même un « retard » des mentalités puisque le premier pays à avoir légalisé le mariage gay est les Pays Bas en 2001. Par ailleurs, les couples homosexuels n’ont toujours obtenu le droit d’adoption qui leur confèrerait une place égalitaire à tous les autres citoyens français, contrairement à d’autres pays comme les Pays Bas là encore ou bien le Canada. Pour avoir un chiffre, on dénotait plus de 10 000 mariages homosexuels en 2014, ce qui prouve que la loi était tant attendue et à une réelle utilité et nécessité.
 
Néanmoins, et ce malgré les progrès réalisés et l’ouverture d’esprit des citoyens, on retrouve encore des homophobes tenant des propos qui ne semblent pas relever d’une mentalité moderne. Beaucoup d’insultes fusent à l’égard des homosexuels mais on dénombre aussi beaucoup d’agressions physiques beaucoup plus graves. Plusieurs témoignages en attestent : une jeune fille jetée par-dessus une rambarde d’escaliers par ses camarades (14 ans) de peur d’être contaminés ou encore une autre dont le père lui a cassé le bras. Les réactions sont très violentes et on en vient à se demander pour quelle raison est-ce qu’on est réellement considérés. L’entourage réagit de manière semble-t-il exagérée alors que les proches (famille et amis) devraient être les premiers à soutenir les personnes se révélant homosexuelles et surtout s’assumant. Par ailleurs, les menaces proférées se font souvent via les réseaux sociaux et depuis l’avènement d’internet, ce qui a des conséquences dramatiques sur les personnes concernées. 


Aujourd’hui, de multiples associations se sont mises en place pour lutter contre l’homophobie et défendre les intérêts des personnes homosexuelles. On retrouve d’abord l’association SOS Homophobie (Association nationale de lutte contre la lesbophobie, la gayphobie, la biphobie et la transphobie), créée le 11 avril 1994 et basée à Paris mais ayant mis à dispositions des points d’accueil dans différentes grandes villes de France. Leur but est de lutte contre l’homophobie et le rejet des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles en passant essentiellement par de la prévention. Elle a aussi mis en place une ligne d’écoute pour que victimes comme témoins puissent témoigner et avoir une oreille attentive à leur écoute ainsi que des renseignements. Il convient aussi de réaliser des interventions auprès des enfants à l’école pour qu’ils se libèrent des stéréotypes entendus et puissent se faire leurs propres idées (comprendre la différence et l’accepter). Pourquoi seraient-ils forcés de subir les paroles de leur entourage, avec lesquelles ils n’adhèreraient pas forcément s’ils pouvaient se faire leur propre avis ? Leur autre action majeure est de mener des enquêtes et des sondages pour les analyser et en tirer des conclusions sur la présence de l’homophobie dans notre société (rapport annuel sur l’homophobie, guide pratique contre l’homophobie, enquête sur la lesbophobie). On voit aussi apparaître le mouvement de la Gay Pride, qui tire son origine des Etats-Unis dans les années 1970 et qui devient un mouvement d’ampleur internationale qui vise à manifester pour les droits des homosexuels, pour qu’ils puissent vivre de la même manière que tout hétérosexuel. On retrouve enfin la fédération LGBT (lesbienne, gay, bisexuel et transsexuel) qui est une association dont le but est là aussi de fédérer des acteurs dans le but de les rallier à la cause homosexuelle. Il s’agit aussi de rassurer les homosexuels et de les aider à s’affirmer et surtout à s’assumer.


Julie CARRIERE