Présentation

Histoire du féminisme en France 

Le féminisme est une doctrine ou une attitude politique, philosophique et sociale, fondée sur l'égalité des sexes. Le féminisme a pour objectifs :
  • la défense des intérêts des femmes dans la société,
  • l'amélioration et l'extension de leurs droits,
  • la fin de l'oppression et des discriminations dont les femmes sont victimes au quotidien,
  • leur émancipation.
La pensée féministe cherche, en particulier, l'amélioration du statut des femmes dans les sociétés ayant une tradition bâtie sur l'inégalité des sexes.

Dès la fin du Moyen Age, des auteurs critiquaient la place accordée aux femmes dans la société. Cependant, le féminisme n’apparaît en France que sous la Révolution grâce à Olympe de Gouges, aristocrate française, qui rédige en 1791 la déclaration des droits de la femme, à travers laquelle elle réclame l’égalité entre les hommes et les femmes à savoir que la femme soit considérée comme un citoyen à part entière et qu’elle soit associée aux débats politiques. Mais ces revendications ne seront pas entendues et le combat des féministes va s’étendre sur plusieurs siècles. A partir de 1830, des femmes vont former des groupes politiques (saint-simoniens et fouriéristes) pour dénoncer leur asservissement et réclamer leur affranchissement et l’émancipation. En 1848, le premier quotidien féministe « la voix des femmes » voit le jour. Ces mouvements permettent aux femmes d’exprimer leurs revendications mais leurs actions restent discréditées et les inégalités perdurent. Ainsi, par la suite, on pourra distinguer trois grandes vagues de mouvements féministes :

la première vague, qui se réfère au 19° et au début du 20° siècle, où les principales revendications concernent le droit de vote et le droit à l’éducation pour les femmes. Ainsi, le mouvement féministe des suffragettes va naître. Il réclame l’égalité des droits civiques entre hommes et femmes par le droit de vote accordé aux femmes. Louise Michel, militante anarchiste et institutrice, réclame également l’égalité des droits civils, le droit à l’éducation et le droit au travail pour les femmes. Des avancées en matière d’éducation des filles vont donc être faites par exemple à travers la loi Falloux de 1850 ordonnant la création d’école de filles. En ce qui concerne le droit de vote, il faudra attendre 1944 pour que les femmes l’obtiennent.

- la seconde vague étend les débats à des problèmes tels que la reconnaissance du travail domestique, la sexualité, le droit de disposer librement de son corps et la procréation contrôlée. L’une des figures emblématique de cette seconde vague de féminisme est Simone De Beauvoir à travers la publication du Deuxième Sexe en 1949 et sa célèbre phrase « on ne naît pas femme on le devient ». Simone De Beauvoir veut dissocier la femme de la mère et réclame la liberté sexuelle et le droit à l’avortement libre et gratuit. Elle rédigera ainsi en 1971 le Manifeste des 343 dans lequel 343 femmes, connues ou inconnues, reconnaissent avoir avorté, s’exposant à des poursuites pénales allant jusqu’à l’emprisonnement. Parmi les personnalités connues on peut compter : Catherine Deneuve, Brigitte Fontaine, Françoise Sagan, Agnès Varda, … Le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) va également voir le jour dans les années 70 et va lui aussi lutter pour le droit des femmes à maitriser leur corps.  Le droit à l’avortement sera finalement accordé à travers la loi Simone Veil de 1975. Le concept de l’amour libre (qui correspond à l’époque à un rejet du mariage en tant que régulateur des relations amoureuses) se généralise alors grâce à la dépénalisation de l’IVG et au droit à la contraception. Cela correspond à la libération du corps de la femme.

- la troisième vague pose des limites à l’hétérosexualité et aux normes du genre (qu’est ce qu’être une femme). Ici, la notion de genre est primordiale car c’est elle qui définit les relations de pouvoir entre les sexes et la sexualité. Selon Joan Scott, le genre implique des différences entre les hommes et les femmes, ce qui légitimise la domination des hommes sur les femmes. On cherche donc dans cette troisième vague à déconstruire les genres avec la naissance des mouvements queer puis LGBT (Lesbien, Gay, Bisexuel et Transexuel). Judith Butler nous amène elle aussi à nous questionner sur le genre dans ses livres trouble dans le genre et faire et défaire le genre. Pour elle, les identités sexuelles (masculin et féminin) sont construites socialement et culturellement et imposent des normes. Le classement hétérosexuel/homosexuel est tout aussi normatif. Il s’agit donc de cesser de classifier et normaliser sexes, corps et désirs sexuels pour laisser s’épanouir la multitude de configurations identitaires possibles en matière de sexualité et de genre.

De nos jours, de nouveaux mouvements féministes existent tels que Ni putes ni soumises, créé en 2003, qui lutte contre les mariages forcés, les viols, l’excision etc.



Biographie de Judith Butler 

Judith Butler est une philosophe et féministe américaine âgée de 59 ans. Cette femme brillante détient un important bagage intellectuel. Professeure à l'Université Berkeley depuis 1993, une thématique importante de sa réflexion est celle de la vulnérabilité. De plus, ses écrits ont fortement influencé les études portant sur les féministes et sur les queer.

Judith Butler se décrit volontiers comme une petite fille difficile n’aimant pas beaucoup l’école. Cet aspect est assez surprenant lorsque l’on voit ses exploits littéraires. Elle avoue avoir été perturbée pendant son adolescence à la découverte de son homosexualité dès l’âge de 14 ans. De plus, issue d'une famille juive elle a reçu une éducation stricte et religieuse. Cependant ces éléments se sont transformés en véritable force. En effet elle est aussi intervenue publiquement sur des questions politiques contemporaines, comme celle des droits des homosexuels et, plus récemment, sur le conflit israélo-palestinien.
Dans la vidéo que nous avons regardé ce qui se détache nettement c’est le caractère affirmé de cette femme à poigne. Sa combativité est frappante et lui permet de ne jamais fléchir malgré l’ambiguïté de certains thèmes abordés. 


Les études et réflexions de Judith Butler sont essentiellement portées sur le genre mais elle traite également beaucoup du féminisme et plus récemment de l’immigration. En s’intéressant au féminisme, elle souhaite y apporter un regard nouveau en défaisant les présuppositions des théories féministes occidentales pour l’emmener vers les théories queer (le genre et l’orientation sexuelle ne seraient pas seulement déterminés biologiquement, mais aussi par un environnement socio-culturel et une histoire personnelle) et gender studies.

Les études qu’elle a pu mener sur les notions de sexe et de genre touchent à des questions comme l’homosexualité ou l’homoparentalité (sujets très actuels) mais aussi de transsexualité ou de rapport au corps. La vision qu’elle a pu apporter à ces sujets là ont permis à un grand nombre de personnes de changer leur regard sur les choses et notamment pour les plus concernés de voir qu’ils sont compris.
Judith Butler a écrit plusieurs ouvrages qui traitent de différents sujets dans différents domaines. Le premier et plus célèbre qu’elle ait écrit est Gender trouble, écrit en 1990 et traduit en plusieurs langues (en 2005 en français). Judith Butler propose analyse une critique des principales théories du genre émises par de grands auteurs. Par la suite, en 1993, elle reprendra son œuvre pour en faire elle-même une analyse. Dans ses analyses sur le genre, Judith Butler considère l’identité sexuelle comme performative. En effet, elle explique que l’identité du genre est définie de manière biologique (raison évidente pour chacun d’entre nous) mais relève aussi d’une construction sociale qui se fait par la « performativité ». La société dans laquelle nous vivons est emplie de normes qu’il convient de respecter pour une intégration parfaite mais dont certaines personnes se différencient. Cette question de la norme et du genre est récurrente chez la philosophe.
En 1997, elle publie Le pouvoir des mots qui regroupe des débats autour des mots, de leur sens et de leur portée socioculturelle, politique, juridique et psychologique. Les questions qui font débat traitent des discours haineux, homophobes, racistes, sexistes ou encore sur la pornographie et la censure.
Plusieurs années après, en 2004, elle publie trois ouvrages dont Défaire le genre qui vient compléter sa réflexion contenue dans Trouble dans le genre et qui traite de la société normative dans laquelle nous évoluons actuellement. Elle tente de donner des solutions pour se défaire de l’emprise de ces normales et énonce une certaine inquiétude quant à la vie des personnes concernées et leurs difficultés à s’insérer dans cette société qui rejette la différence (cela passe par la perte de visibilité et par l’exclusion). Cette année là elle écrit Vie précaire qui pose une réflexion sur la souveraineté et la vie en société suite aux attentats du 11 septembre 2001 ; elle propose de s’intéresser à des questions comme la vulnérabilité et la vivabilité de la vie et suggère par la réflexion des définitions normatives de l’humain, du deuil et de la mélancolie. On retrouve enfin cette année là Humain, inhumain qui n’est pas une étude mais qui recueille des entretiens menés entre 1994 et 2004 et qui permettent d’avoir une vue d’ensemble de la pensée de Judith Butler. S’intéresser à cette œuvre là permet d’appréhender les concepts et théories qu’elle défend afin de mieux la comprendre.
Son dernier ouvrage publié (en 2007) s’intitule L’état global et se présente de manière différente puisqu’il retrace un dialogue entre Gayatri Chakavorty Spivak (théoricienne et critique littéraire indienne) et Judith Butler sur la question de l’immigration. Il s’agit de s’intéresser à la question de l’immigration palestinienne  (sujet dont Judith Butler reparlera souvent) mais aussi au sein des membres de l’Union Européenne. Les deux femmes ont des interrogations sur le sentiment d’appartenance à une nation de nos jours, l’identité de celui qui exerce le pouvoir au sein de nos sociétés mais aussi des droits dont disposent certains peuples ou non et du multiculturalisme. Enfin, il leur convient de se plonger dans une réflexion sur le rôle de l’Etat qui devient de plus en plus transitoire à la différence d’antan mais aussi sur les habitants qui malheureusement ont tendance à devenir apatrides et à de moins en moins s’identifier à leur pays.
Enfin, Judith Butler, de par sa vision nouvelle sur le sujet, intéresse beaucoup et est demandée pour diverses interviews ou conférences. Pour exemple, le 13 et 14 mars 2008 à Poitiers, Kim Sang Ong Van Cung, Claude Bourdin et Simon Lemoine ont organisé un colloque intitulé « questions à Judith Butler » et permettant à la principale concernée de répondre à des questions ou de donner des explications sur ses études.
 

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